Cie 100% Acrylique, mise en scène Evelyne Castellino
Au Théâtre de la Parfumerie à Genève du 4 au 23 octobre 2016 Voir le teaser, réalisé par Vincent Thaon Voir les photos Lire la presse
Juste après ou juste avant ?
Dans le surprenant spectacle que propose Evelyne Castellino à la Parfumerie tout commence par la fin ! Des applaudissements nourris, des saluts rayonnants : c’est un succès !
Sans aucun doute.
Oui, mais c’est dans les loges, dans les coulisses que tout va se jouer ensuite. Juste avant le lever de rideau, juste après l’extinction des feux de la rampe. Dans ce théâtre mental que porte en lui tout comédien, entre rêve de gloire et crainte de l’échec. Entre exaltation et inquiétude.
Et, comme toujours dans le travail de la Cie 100% Acrylique, entre danse et théâtre. Entre musique et projections vidéo.
Sur la corde raide du métier de comédien cinq flamboyants funambules vont s’aventurer : Maud Faucherre, Céline Goormaghtigh, Christian Scheidt, Antoine Courvoisier et Francesco Cesalli. Tous remarquables et singuliers.
Le spectateur les découvrira mis à nu, démaquillés, sans fond de teint, au travers d’un miroir sans tain. Autant de solitudes émouvantes que le partage chorégraphique met en valeur, autant de compétences individuelles irisées par la performance collective. Un isolat théâtral riche de ses fragilités comme de ses talents.
Ici pas de texte écrit à la source du spectacle, mais une écriture de plateau. Inventive. Malicieuse. Contrapuntique. Une écriture qui explore, libère et approfondit. Qui se permet la fantaisie, l’humour, la surprise. Qui alterne les registres les plus variés.
Un magnifique hommage rendu au théâtre et à celles et ceux qui prennent le risque de le faire vivre.
Et quand la lumière s’éteint à la fin de la représentation, c’est pour permettre aux spectateurs de manifester, juste après (et justement), leur enthousiasme et le bonheur que procure un spectacle particulièrement original et réussi.
C’est à La Parfumerie, du mardi au dimanche, jusqu’au 23 octobre. Le spectateur que je suis a adoré. Sans réserve.
Claude Demeure
Une critique de Lea Mahassen, dans la Revue REEL (Revue des Etudiants en Lettres) Unige, octobre 08, 2016
Quand les comédiens s’interrogent
Que se passe-t-il lorsque le rideau est baissé sur la scène ? Que font les comédiens ? De quoi parlent les danseurs ? Toutes ces questions, la compagnie « 100% ACRYLIQUE » a décidé d’y répondre dans sa nouvelle création Juste après ou juste avant ?
Elle choisit d’y mettre en scène divers artistes qui se préparent à entrer en scène ou au contraire, à rentrer chez eux après un spectacle plus ou moins éprouvant. Costumes à enfiler en vitesse, trousseaux de clefs perdus, accessoires à retrouver, rien ne semble fonctionner comme il faudrait. Mais cela, le public fictif ne s’en doute pas le moins du monde ! Les spectacles s’enchaînent, les applaudissements retentissent, invariablement. Le vrai public, lui, a accès aux coulisses et se régale devant les disputes, les vexations ou les amours cachées. Chaque comédien fait partie de l’ensemble homogène qui porte cette pièce sur une vague de fraîcheur et d’humour. Pourtant, tous ont leur univers propre, qu’ils dévoilent peu à peu et que l’on découvre avec émotion dans de très beaux portraits personnels alliant vidéo et jeu de scène. Pendant deux heures, tout est remis en jeu, tout se mélange, tout se réarrange et à la fin, on ressort avec une idée plus précise de ce que signifie « être comédien » ; car en fin de compte, quand commence la représentation et quand se termine-t-elle ? Le fait de jouer un personnage fait-il de l’acteur une personne moins sincère ? Est-il obsédé par ce que pensent les autres de lui ? Ou par ce qu’il pense de lui-même ? Sur la base de ces questionnements, ce sont les interprètes qui ont écrit le texte de cette pièce originale, ce qui le rend infiniment plus accessible et plus proche du public qu’il souhaite atteindre. Des répliques qui semblent improvisées, des ballets qui ne le sont pas du tout, de la poésie, beaucoup de poésie, et surtout une très belle bande-son qui n’hésite pas à mêler Michel Polnareff à Autant en emporte le vent ou au Stabat mater de Pergolèse…
Tellement de répétitions, de saluts, tellement d’applaudissements, qu’on en oublierait presque qu’il faut bien se décider, à un moment ou à un autre, à quitter le théâtre. Seulement voilà. Difficile de revenir à soi après une pièce qui n’appartient ni tout à fait au réel, ni tout à fait au fictionnel. Tout le monde est parti, les lumières s’éteignent une à une. On se lève et on marche lentement jusqu’à la sortie, un peu sonné. On a du mal à mettre des mots sur ses premières impressions mais on se souvient d’avoir souvent ri, parfois pleuré, mais toujours applaudi. Si je devais définir cette pièce en quelques mots, je dirais que c’est une pièce drôle mais pas seulement. Une pièce qui raconte des histoires vraies mais pas seulement. C’est un sourire mélancolique qui promet beaucoup et donne encore plus. Une pièce, enfin, qui fait du bien !
Une critique de Claude Demeure, écrivain.
Juste après ou juste avant ?
Dans le surprenant spectacle que propose Evelyne Castellino à la Parfumerie tout commence par la fin ! Des applaudissements nourris, des saluts rayonnants : c’est un succès !
Sans aucun doute.
Oui, mais c’est dans les loges, dans les coulisses que tout va se jouer ensuite. Juste avant le lever de rideau, juste après l’extinction des feux de la rampe. Dans ce théâtre mental que porte en lui tout comédien, entre rêve de gloire et crainte de l’échec. Entre exaltation et inquiétude.
Et, comme toujours dans le travail de la Cie 100% Acrylique, entre danse et théâtre. Entre musique et projections vidéo.
Sur la corde raide du métier de comédien cinq flamboyants funambules vont s’aventurer : Maud Faucherre, Céline Goormaghtigh, Christian Scheidt, Antoine Courvoisier et Francesco Cesalli. Tous remarquables et singuliers.
Le spectateur les découvrira mis à nu, démaquillés, sans fond de teint, au travers d’un miroir sans tain. Autant de solitudes émouvantes que le partage chorégraphique met en valeur, autant de compétences individuelles irisées par la performance collective. Un isolat théâtral riche de ses fragilités comme de ses talents.
Ici pas de texte écrit à la source du spectacle, mais une écriture de plateau. Inventive. Malicieuse. Contrapuntique. Une écriture qui explore, libère et approfondit. Qui se permet la fantaisie, l’humour, la surprise. Qui alterne les registres les plus variés.
Un magnifique hommage rendu au théâtre et à celles et ceux qui prennent le risque de le faire vivre.
Et quand la lumière s’éteint à la fin de la représentation, c’est pour permettre aux spectateurs de manifester, juste après (et justement), leur enthousiasme et le bonheur que procure un spectacle particulièrement original et réussi.
C’est à La Parfumerie, du mardi au dimanche, jusqu’au 23 octobre. Le spectateur que je suis a adoré. Sans réserve.
Claude Demeure
Une critique de Lea Mahassen, dans la Revue REEL (Revue des Etudiants en Lettres) Unige, octobre 08, 2016
Quand les comédiens s’interrogent
Que se passe-t-il lorsque le rideau est baissé sur la scène ? Que font les comédiens ? De quoi parlent les danseurs ? Toutes ces questions, la compagnie « 100% ACRYLIQUE » a décidé d’y répondre dans sa nouvelle création Juste après ou juste avant ?
Elle choisit d’y mettre en scène divers artistes qui se préparent à entrer en scène ou au contraire, à rentrer chez eux après un spectacle plus ou moins éprouvant. Costumes à enfiler en vitesse, trousseaux de clefs perdus, accessoires à retrouver, rien ne semble fonctionner comme il faudrait. Mais cela, le public fictif ne s’en doute pas le moins du monde ! Les spectacles s’enchaînent, les applaudissements retentissent, invariablement. Le vrai public, lui, a accès aux coulisses et se régale devant les disputes, les vexations ou les amours cachées. Chaque comédien fait partie de l’ensemble homogène qui porte cette pièce sur une vague de fraîcheur et d’humour. Pourtant, tous ont leur univers propre, qu’ils dévoilent peu à peu et que l’on découvre avec émotion dans de très beaux portraits personnels alliant vidéo et jeu de scène. Pendant deux heures, tout est remis en jeu, tout se mélange, tout se réarrange et à la fin, on ressort avec une idée plus précise de ce que signifie « être comédien » ; car en fin de compte, quand commence la représentation et quand se termine-t-elle ? Le fait de jouer un personnage fait-il de l’acteur une personne moins sincère ? Est-il obsédé par ce que pensent les autres de lui ? Ou par ce qu’il pense de lui-même ? Sur la base de ces questionnements, ce sont les interprètes qui ont écrit le texte de cette pièce originale, ce qui le rend infiniment plus accessible et plus proche du public qu’il souhaite atteindre. Des répliques qui semblent improvisées, des ballets qui ne le sont pas du tout, de la poésie, beaucoup de poésie, et surtout une très belle bande-son qui n’hésite pas à mêler Michel Polnareff à Autant en emporte le vent ou au Stabat mater de Pergolèse…
Tellement de répétitions, de saluts, tellement d’applaudissements, qu’on en oublierait presque qu’il faut bien se décider, à un moment ou à un autre, à quitter le théâtre. Seulement voilà. Difficile de revenir à soi après une pièce qui n’appartient ni tout à fait au réel, ni tout à fait au fictionnel. Tout le monde est parti, les lumières s’éteignent une à une. On se lève et on marche lentement jusqu’à la sortie, un peu sonné. On a du mal à mettre des mots sur ses premières impressions mais on se souvient d’avoir souvent ri, parfois pleuré, mais toujours applaudi. Si je devais définir cette pièce en quelques mots, je dirais que c’est une pièce drôle mais pas seulement. Une pièce qui raconte des histoires vraies mais pas seulement. C’est un sourire mélancolique qui promet beaucoup et donne encore plus. Une pièce, enfin, qui fait du bien !
Lea Mahassen